Pendant des siècles, les bijoux ont été synonymes d'opulence. Courbes fantaisistes des montures, redondance des détails, beaucoup de gemmes ou de pierres précieuses. Cependant, à la fin du XIXe siècle, la situation commence à changer : les décorations deviennent plus modestes et concises. Il y avait plusieurs raisons à cela.
Le premier est le style victorien. La reine Victoria de Grande-Bretagne est devenue veuve la majeure partie de son séjour sur le trône, et sous elle - volontairement ou involontairement - les femmes ont commencé à porter des bijoux catégoriquement modestes (broches camées dans des cadres laconiques, ornements de cheveux - les boucles étaient considérées comme un signe de mémoire et assez complexes des choses ont été tissées à partir d'eux, - des bijoux avec des inserts de deuil noir agate ou "pierre de veuve" - améthyste).
La reine victoria
La deuxième raison était l'intérêt des artistes, designers, décorateurs et bijoutiers au Japon. L'ère victorienne en Europe a coïncidé avec l'ère Meiji au pays du soleil levant - l'empire s'est ouvert au monde, les estampes japonaises, les tissus, les articles ménagers et les œuvres d'art appliqué ont afflué à Paris et à Londres. Laconiques et raffinées, elles ne pouvaient qu'exciter l'imagination réceptive des artistes et joailliers européens et américains.
La retenue victorienne a appris aux bijoutiers à tirer le maximum de matériaux apparemment complètement «non décoratifs»: la même agate noire, l'onyx, la corne, l'écaille de tortue, l'ivoire. Et le minimalisme japonais est devenu le point de départ de deux des styles artistiques les plus importants de la fin du XIXe-premier tiers du XXe siècle : l'Art nouveau (appelé Art nouveau en Russie) et l'Art déco : géométrique, laconique, s'inscrivant idéalement dans les canons de l'architecture pratique du constructivisme des années 1920-1930.
Comme vous le savez, la mode est cyclique et ce qui était à la mode il y a cent ans peut redevenir pertinent. C'est exactement ce qui s'est passé ces derniers temps avec les bijoux Art Déco. Les angles droits et les formes géométriques, le contraste du noir et du blanc et l'absence totale de « joliesse » excessive comme le filigrane ou la gravure ; métaux blancs (argent, platine, or blanc), travail avec des pierres colorées opaques et d'autres matériaux (émaux, nacre, os et même matériaux polymères - bakélite, puis plastiques).
Dans les dernières collections de haute joaillerie des plus grandes maisons de joaillerie mondiales, présentées cette année au Salon international de la haute horlogerie de Genève et au BaselWorld Jewellery and Watch Forum de Bâle, les motifs Art Déco se lisent aisément.
Un exemple frappant est le collier avec diamants et onyx de la collection Wild Pop de la maison de joaillerie et horlogerie italienne Bvlgari : il ressemble à un clavier de piano, qui évoque également des associations avec le jazz des années 1920 et 1930.
La maison française Van Cleef & Arpels a atteint son apogée juste dans les années 1920, lorsque la société a ouvert un bureau de représentation en Amérique (dont l'économie était en hausse jusqu'en 1929, le début de la Grande Dépression), donc l'art déco est fermement ancré dans l'ADN de cette marque. Pour le voir, il suffit de regarder le collier Annees folles avec saphirs et diamants. Traduit du français, Annees folles se traduit par "Crazy Years" (une sorte d'analogue culturel du concept américain des "Roaring Twenties").
L'Art Déco est le motif dominant du style du joaillier grec Nikos Koulis depuis plusieurs années. Il utilise généralement de l'émail noir, des diamants incolores, des émeraudes et des saphirs bleus pour ses bijoux en or blanc. Sa ligne art déco est Oui.
Et la maison française Boucheron a même nommé des boucles d'oreilles avec diamants, saphirs, onyx et émail Pompon Art Déco. Ils font partie de la ligne Ligne Graphic de la dernière collection de haute joaillerie de Nature Triomphante.
PS : Si les bijoux Van Cleef & Arpels et Boucheron sont votre seul rêve, regardez de plus près les options de style Art déco plus budgétaires, mais non moins actuelles, des maisons de joaillerie russes.
